Aliments magiques ? Comme “Jacques et le haricot magique” vous voulez dire ? Je préfère parler de super aliments comme dans cette vidéo où vous verrez que les aliments tout seuls, c’est comme le père Noël sans les lutins.
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Chère BienMangeuse, cher BienMangeur,
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Autrefois, les exorcistes, les sorciers, les rebouteux prodiguaient des conseils mâtinés d’incantations ésotériques et composaient des poudres miracles et mystérieuses pour guérir les maladies que nous ne comprenions pas ou chasser les mauvais esprits tant redoutés.
Les temps ont changé mais vous le constatez quand même : les sorciers sont toujours là. Voyons pourquoi les aliments magiques, c’est juste un compte de Noël !
6 super aliments à consommer régulièrement
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Aujourd’hui, la nutrition possède de solides bases scientifiques et connaît de mieux en mieux les réactions du corps humain aux aliments, et aux combinaisons d’aliments (cette notion de combinaison a son importance vous allez voir).
Les articles, livres, vidéos YouTube vantant telle ou telle plante ou telle ou telle graine aux vertus “formidables” fleurissent régulièrement, selon les modes : graines de chia, baies de goji...
Pour aller mieux, toute la population devrait absorber ces aliments. Dès lors, chacun a le “choix” entre se soigner grâce aux traitements classiques ou croire aux qualités “miraculeuses” de la grenade, du curcuma, des brocolis et autres fruits ou ingrédients exotiques à la mode.
Les canneberges, une mode venue des USA
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Les Américains ne jurent que par les baies de myrtilles, qu’ils mettent désormais à toutes les sauces et surtout dans tous leurs plats ; le monde entier a chanté les atouts antioxydants de la canneberge alias le cranberry…
Bref, dès que c’est naturel et nouveau, la panacée n’est pas loin.
Mais si certains aliments sont encensés, d’autres sont diabolisés. Lesquels, comme par hasard (c’est freudien !), sont souvent des excitants tels le sucre, etc.
En vérité, tout ce qui provoque une stimulation des sens, tout ce qui possède une saveur forte, se voit un jour ou l’autre assailli, voire honni, tandis qu’on sacre le doux, le mièvre, le suave[1].
Heureusement, un constat rassure : les aliments “magiques” se retrouvent souvent au top des hit-parades de l’alimentation saine de façon éphémère, tant une mode succède vite à une autre.
Diabolisé un temps, le chocolat est maintenant chargé de multiples vertus
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Qui ne se souvient du chocolat, fêté durant des siècles, qui a vu un jour des “experts” le vouer aux gémonies, lui mettre sur le dos des tonnes de défauts (en mélangeant le noir et celui au lait) avant, aujourd’hui, d’entendre de nouveau célébrer ses qualités, soit sur le cœur, soit sur le moral, etc. ?
En nutrition comme ailleurs, la roue tourne… et les lauriers du label “aliment magique” aussi.
Reste que ce phénomène traduit une vérité nutritionnelle permanente bien ancrée dans l’esprit des consommateurs : le pouvoir magique des aliments.
Magique parce que, à toutes les époques, nous accordons nos faveurs à des produits auxquels nous conférons des propriétés la plupart du temps sans grand rapport avec leur composition. Mais qu’importe : on a la foi, on croit en eux. Une adhésion religieuse, là encore…
Les fruits et légumes, la panacée actuelle
La mode a jeté son doigt de succès sur les fruits et légumes. Il faut en manger cinq par jour, on l’a vu, parce qu’ils soignent tout :
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évitent de grossir,
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diffusent des minéraux,
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offrent des oligo-éléments,
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ne dispensent aucune graisse,
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sont peu caloriques,
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apportent des fibres et sont rassasiants, etc., etc.
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Mieux : ils contiennent des antioxydants. Ah, quel mot magique, quel terme formidable !
Quelle association efficace et limpide que ce préfixe “anti” accolé à “oxydant”, formule digne de l’alchimie donc du miracle puisqu’on l’associe à l’oxydation d’un métal, phénomène dont tout le monde comprend le sens. Les fruits et légumes ? En un mot, l’aliment parfait.
Les fruits et légumes, des avantages bien réels
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Cependant, même si nous les connaissons de mieux en mieux, nous sommes encore loin de tout savoir d’eux.
Regardez, si le chou, grâce aux indols, aide à prévenir des cancers aussi variés que ceux du poumon, de la vessie ou de l’œsophage, quid des interactions entre les uns et les autres ?
Vous mangez en moyenne une quinzaine d’aliments quotidiennement, contenant chacun à minima une centaine de constituants, lesquels vont parfois s’associer, parfois se combattre, devoir composer aussi avec le niveau de stress de chacun, le goût ou pas pour l’alcool, le tabac, l’influence de l’environnement…
Eh bien, comment ce cocktail va-t’il se comporter ? Nous l’ignorons. Ce qui prouve bien que la notion même d’”aliment magique” est erronée !
L’alimentation : la magie est dans l’équilibre et la variété
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Dès lors, pourquoi adoptons-nous aussi aisément cette nouvelle religion alimentaire ? Parce que les produits évoqués sont à la base sains, évidemment, mais aussi parce qu’ils correspondent idéalement à l’air du temps.
Autre exemple des engouements quelque peu irrationnels, magiques en nutrition : les compléments alimentaires.
Dans les années 90, une grande étude appelée SUVIMAX, menée sur huit ans, est entreprise. Son but : ausculter notre nourriture.
Les compléments alimentaires : une solution de facilité ?
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Première conclusion fortement médiatisée : les Français étaient victimes de carences qu’il convenait de combler sans tarder.
Branle-bas de combat, émissions, articles, débats, prises de position… une “solution” simple émerge dans l’esprit de beaucoup : se jeter sur les compléments alimentaires. Ce fut la ruée.
Jusqu’à ce que des chercheurs, effrayés par de telles réactions, interviennent en déclarant, pour certains, que ces compléments n’étaient pas toujours utiles.
Ensuite en précisant, chez d’autres, qu’il convenait, pour pallier les manques, d’augmenter la consommation de certains aliments.
Fatigue, sommeil, stress, bronzage… le marché des compléments alimentaires
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Résultat de ce bazar : nous sommes désormais à la fois angoissés par la crainte de ne pas manger suffisamment de produits ciblés, mais protégés par le fait que, si nous en mangions, nous pourrions éviter un grand nombre de maladies.
Le plus simple s’avérant, dans l’esprit de beaucoup, de cumuler aliments et compléments. Une pensée magique était née.
Le bénéficiaire ? L’industrie, et elle l’est chaque fois, puisqu’il lui suffit de se caler sur les préconisations alimentaires pour assurer la publicité d’un produit ou contrecarrer ses prétendus effets négatifs.
Revenons au chocolat : ce carré de bonheur, qui a pâti longtemps d’une mauvaise réputation, s’est vu d’un coup paré de toutes les qualités grâce à des études détaillant combien il était bon pour l’hypertension artérielle, contre les maladies cardiaques…
Bon pour le cœur et le moral, aphrodisiaque… à plus de 500 Kcal les 100 g ! :)
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En omettant d’insister trop sur la quantité conseillée : 2,5 g par jour. Ou comment un produit qualifié de mauvais se voit doté d’une dimension thérapeutique afin de limiter les dégâts que la religion du sans sucre et du sans graisse pourrait provoquer !
Le cas des polyphénols, ces substances que l’on trouve partout et qui nous permettent de lutter contre tout, est aussi parlant.
Pour obtenir une dose vraiment utile à l’organisme, il faudrait consommer des hectolitres de vin. Et nous avons vu, plus avant, que c’est sa teneur en alcool, à une dose infinitésimale, qui semblerait permettre les effets protecteurs vantés.
Il en va presque de même pour toutes les substances qui en contiennent. Mais peu nous importe au final: ingérer ces produits procure à chacun le sentiment de se faire du bien ; c’est digne de l’effet placebo.
La magie Okinawa
La littérature relative à la longévité étonnante des habitants d’Okinawa, au Japon, ouvre la voie – je suis prêt à le parier – à l’émergence du même phénomène de “pensée” ou d’aliment bientôt “magique”.
L’alimentation d’Okinawa, l’alimentation qui favorise la longévité ?
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“Okinawa jouissait il y a encore quelques décennies de l’espérance de vie la plus longue au monde”, expliquait le scientifique Shinkichi Tawada, dans des propos repris par l’AFP et cités sur Yahoo, le 24 décembre 2013. Vous voyez, un vrai conte de Noël :)
Et de souligner une donnée faisant rêver : l’archipel détient le plus grand nombre de centenaires à l’échelle de la planète, avec, selon les estimations, environ 33 pour 100 000 habitants. Ce genre de record, forcément, titille l’intérêt des scientifiques.
D’où les habitants d’Okinawa tirent-ils leur exceptionnelle longévité ? De leur alimentation selon les spécialistes.
L’île d’Okinawa, l'île aux centenaires
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Ainsi, le professeur d’agronomie à l’université des Ryukyu de Nishihara, qui s’est “toujours intéressé aux substances qui, dans l’alimentation traditionnelle, en sont à l’origine”, pourrait, après vingt ans de recherche, avoir enfin percé le mystère.
D’après ses travaux, le secret tiendrait à un liquide ambré dont s’élèvent des parfums tropicaux suaves : l’huile essentielle de fleur de getto (guetto) ou alpinia zerumbet.
C’est une plante appartenant à la famille du gingembre qui présente de grandes feuilles vertes, de petites baies rouges et des fleurs blanches.
Or la plante regorge de resvératrol, un antioxydant qu’on retrouve dans le raisin (donc dans le vin) et aux effets sur la longévité bien connus.
La fleur de getto, un secret de longévité ?
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Mieux, les touffes de getto sauvage qui poussent sur le bord des routes locales ont encore plus d’impact sur la durée de vie. Shinkichi Tawada et ses collègues en ont fait manger à des démotodes (alpinia zerumbet), des vers vivant seulement un mois.
Eh bien, ceux-ci ont obtenu 22,6 % de temps de vie supplémentaire.
“Traditionnellement, les habitants d’Okinawa ont toujours considéré qu’en mangeant le muchi [un plat d’hiver composé de pâte de riz entourée d’une feuille de getto], on s’immunise contre le rhume, et l’on gagne force et vigueur[2]”, explique le scientifique Tawada.
Voilà qui est encourageant et incite à penser qu’une piste sérieuse d’allongement de l’espérance de vie se niche sur cette île nippone. Mais le processus de mise en orbite de la rumeur magique me paraît surtout bien enclenché.
La baie de goji, un des derniers aliments magiques en date
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La recette est la même que d’habitude : une secret, une promesse de longévité, un scientifique, une substance “antioxydante”, une plante toute simple, et, ô miracle, nous voilà sauvés.
Si la mayonnaise prend dans les médias, l’élixir est proche…
Je vous fais grâce de l’histoire des baies de goji et autres graines de chia. Encore une fois, si ces produits contiennent des micro-nutriments aux vertus nutritionnelles avérées, il faut les considérer dans le cadre plus large d’une alimentation variée et équilibrée.
Et en cette période de fêtes, l’équilibre alimentaire va sûrement être mis à mal. Alors oui, faites-vous plaisir, et nous rattraperons les écarts à la rentrée. D’ici là, voici une vidéo avec 6 super aliments et la manière de les consommer pour en tirer le meilleur !
Joyeuses fêtes à toutes et à tous ! Rendez-vous en 2021.
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Votre bien dévoué,
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